Soutenance de thèse de Marine Gilis

par Alexandre Cléon, étudiant en M1 Histoire parcours PRH à l’Université d’Angers

Le mardi 13 décembre a eu lieu la soutenance de thèse de Marine Gilis, thèse commencée en 2018, dont le sujet portait sur Du privé au politique, du politique au privé. L’expérience de libération sexuelle des militantes du Mouvement des femmes en Bretagne et Pays de la Loire (1970 – 1981). Comme indiqué dans son avis de soutenance, ce sujet avait pour projet de présenter l’émergence des Mouvements de femmes, avec un sujet au carrefour du féminisme et de la sexualité. Ces dernières sont choisies par Madame Gilis, étant donné que celles-ci « se regroupent pour lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes et contre la domination masculine ». L’idée de se concentrer sur la zone géographique de la Bretagne et des Pays de la Loire a été choisie, puisque ce sont « deux régions qui sont fortement marquées par une tradition religieuse catholique et par des mobilisations sociales qui construisent une certaine identité historique et culturelle régionale ».

Cette thèse était encadrée par Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers et membre senior de l’Institut universitaire de France : Une histoire culturelle de la révolution sexuelle. Sa spécialité concerne l’histoire des mouvements féministes en France et d’une manière plus générale l’histoire politique, l’histoire des mouvements sociaux, l’histoire des femmes en politique. Le jury était composé de sa directrice de thèse, de deux rapporteuses, Sylvie Chaperon, professeure à l’Université Toulouse Jean Jaurès, Natacha Chetcuti-Osorovitz sociologue, et maîtresse de conférences HDR à Centrale Supelec et l’École Normale Supérieure (ENS) Paris Saclay; de deux examinateur·ices, Vincent Porhel, maître de conférences à l’INSPE de Lyon et Bibia Pavard, maîtresse de conférences à l’Université Paris Panthéon-Assas. Ce jury était présidé par Julie Verlaine, professeure à l’Université de Tours.

Dans un premier temps, Marine Gilis expose son sujet durant une vingtaine de minutes. Elle nous présente ses motivations, sa méthodologie, ses sources, mais aussi les interviews qu’elle a entreprises pour écrire sa thèse. Pour cette thèse Madame Gilis utilise le vélo comme moyen de locomotion, c’est donc sur son vélo qu’elle part réaliser les interviews des militantes de ces divers mouvements de femmes. Cette volonté de se déplacer en vélo ajoute un aspect humain et un moment de partage plus intime, car elle reçoit l’hospitalité des femmes interviewées. Cette manière de se déplacer en vélo est vite remarquée par les journaux locaux, ce qui lui une petite notoriété et qui attire l’attention du public. Ses sources sont assez diverses, la thèse étant néanmoins principalement portée par de nombreux témoignages de militantes. Ces témoignages permettent d’avoir connaissance le contexte de vie de ces femmes, ce qui nuance leurs histoires qui sont toutes très différentes. Marine Gilis évoque également les difficultés qu’elle a rencontrées lors des interviews en partie enregistrées et filmées, pour garder l’anonymat souhaité par certaines femmes, tout en essayant de montrer et d’exploiter les témoignages sans en déformer les propos.

Après cette présentation, Christine Bard prend la parole et exprime sa grande satisfaction, et sa joie d’avoir travaillé avec Marine Gilis. Elle commence par rappeler que cette thèse comporte 66 témoignages de femmes militantes, avant de présenter le parcours de Marine Gilis, qui est assez dense: une thèse en 4 ans commencée en 2018, qui compte plus de 500 pages, mais également différents travaux réalisés pendant la thèse de Madame Gilis, comme une exposition d’art, des articles publiés dans différentes revues et deux films documentaires produits en parallèle de cette thèse. Sans oublier l’enseignement, avec des cours de Licence et de Master, et la coordination d’un séminaire pour les 50 ans des Mouvements des Femmes.

Christine Bard souligne le fait que Marine Gilis a le goût de la transmission et cela se voit dans sa thèse, dans le blog qui présente et partage ses aventures, mais aussi dans le retour de ces femmes militantes présentes en grand nombre pour cette soutenance. Par la suite, les deux rapporteuses, ainsi que les examinateur.e.s ont présenté leurs remarques et questions. Certains membres du jury ont ciblé la manière d’utiliser les témoignages anonymes. La volonté de Madame Gilis était de changer de prénom à chaque utilisation des propos anonymes, pour empêcher à ces femmes d’être reconnues, mais cela créera un flou dans l’écrit.

Cette soutenance fut un succès par les réponses claires et précises apportées par Marine Gilis aux critiques reçues.

Le rapport des examinateurs se termine vers 17h30, le jury se retire pour statuer de la soutenance de Madame Gilis. C’est après 15 longues minutes d’attentes que le verdict est donné, devant un public debout dans l’attente d’un avis favorable. Le jury est unanime sur la qualité du travail de Marine Gilis, souhaitant une publication de cette thèse; il attribue donc le titre de « docteur en histoire de l’Université d’Angers » à Marine Gilis. Moment très émouvant pour la nouvelle docteure, partagé avec plusieurs membres de sa famille, mais également avec des étudiant·es en Master de l’histoire du Genre, et toutes les femmes militantes présentes pour la soutenir lors de cette soutenance.

En conclusion de ce compte rendu, soulignons un point qui a cité plusieurs fois lors de cette soutenance: le féminisme est un engagement existentiel qui dure toute une vie.

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