Séminaire : « Pourquoi et comment fait-on un dictionnaire historique? », autour du Dictionnaire du fouet et de la fessée, d’Isabelle Poutrin et Elisabeth Lusset

Par Aurélie Delage, étudiante en Master 1 Pratique de la recherche historique à l’Université d’Angers

Le 23 novembre 2022 s’est déroulé une séance de séminaire autour du dictionnaire historique et de la publication du Dictionnaire du fouet et de la fessée, en présence des autrices Isabelle Poutrin, historienne et professeure à l’université de Reims Champagne-Ardenne et membre honoraire de l’IUF, et Elisabeth Lusset historienne et chargée de recherche du CNRS-UMR Lamop à l’université de Paris 1 Panthéon Sorbonne. Le débat a été animé par David Niget de l’Université d’Angers, Véronique Mehl de l’Université de Lorient et Hervé Guillemain de l’Université du Mans ainsi que par des étudiants de Master. Il s’inscrit dans l’axe « Enfance, genre et traces de soi : individualités et subjectivités en mouvements » de TEMOS (UMR 9016 CNRS). La mise en parallèle de plusieurs dictionnaires historiques, Le dictionnaire du corps dans l’Antiquité, le Dictionnaire d’Histoire Politique de la Santé (DicoPolHiS) et le Dictionnaire du fouet et de la fessée permet de comprendre le processus de création d’un dictionnaire historique.

Un séminaire animé par les étudiants en Master

Après une introduction assurée par Pierre, étudiant en Master 2 à l’Université d’Angers, le débat a alterné entre lecture de notices et réponse aux questions des étudiants. Tiago, étudiant à Angers, a fait une présentation de l’usage et de la pertinence d’un dictionnaire historique, agrémentée d’interventions de Véronique Mehl sur son Dictionnaire du corps dans l’Antiquité et d’Hervé Guillemain autour de DicoPolHis, un projet de dictionnaire participatif alimenté chaque semaine. Carmen, étudiante à l’université du Mans, a souligné la pertinence trans-période du Dictionnaire du fouet et de la fessée, notamment avec une présentation de la relation soignant-soigné. Néfertiti, étudiante à Lorient, a partagé son expérience personnelle de l’école en Afrique avec sa lecture de la notice sur la chicotte, instrument de correction semblable à un fouet, utilisé par les enseignants pour corriger les élèves dans plusieurs pays d’Afrique. Manon, étudiante à l’université d’Angers, a lu la notice sur Aristote en soulignant la question des émotions dans la correction, à la fois pour celui qui donne la correction et pour celui qui la subit.

La genèse du projet

Les autrices ont expliqué le processus de création du Dictionnaire du fouet et de la fessée, avec à l’origine, un comité restreint réuni lors d’une journée d’analyse puis l’utilisation du réseau de chacun des spécialistes afin de réunir les notices. Le but du projet est de sortir de la zone de confort des 164 contributeurs grâce à l’articulation de diverses spécialités : histoire, sociologie, psychologie… Les étudiants ont ainsi pu mettre en avant différentes notices du Dictionnaire du fouet et de la fessée, en les analysant et en interrogeant les autrices sur le processus de création de ce dictionnaire historique.

Un travail collaboratif ancré dans son temps

L’objectif de l’ouvrage d’Isabelle Poutrin et Élisabeth Lusset est de faire un récapitulatif trans-période du sujet, pour faire intervenir des chercheurs et spécialistes en sciences sociales. Plusieurs problématiques ont été soulevées lors du séminaire notamment l’analyse de la notion de droit de correction et de sa dimension historique. Le droit de correction est actuellement vu comme une contrainte physique et psychologique de la part d’un dominant/supérieur sur un dominé/inférieur. L’ouvrage met en avant le paradoxe de l’objet de correction, entre plaisir et douleur, entre droit légal et dimension éducative. Le projet se place dans le cadre d’un processus de changement de regard, d’où l’évolution au travers du temps et la présence de divers spécialistes en sciences humaines, en soulignant le passage de la correction comme un acte légitime à un acte préjudiciable. Les autrices ont mis en avant la volonté de vulgariser le sujet afin d’attirer un lectorat plus large, en utilisant un maximum de références à des dénominateurs communs, tels qu’Harry Potter ou des dessins animés comme Titi et Grosminet.

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